Page:Desrosiers - Dans le nid d’aiglons, la colombe, 1963.djvu/116

Cette page a été validée par deux contributeurs.
108
dans le nid d’aiglons, la colombe

de son père qui vibrait autour de son reclusoir, elle manifeste en toute occasion sa volonté de garder le silence et d’être seule.

À partir de 1695, sa réclusion correspond aux règles sévères de l’histoire. À cette date, les mesures excessives sont abandonnées. Toutefois, quand Jeanne a refermé la porte sur elle-même, à la Congrégation, elle a fait ce geste pour jamais. Et avec toute la lucidité de son intelligence, la force de sa volonté, l’intensité de sa foi.

M. Séguenot ne lui a rien caché des exigences terribles de l’état qu’elle embrassait. Son premier biographe précise bien ce point. Il lui a dit :

« …Puis, vous êtes morte Et ensevelie dans votre solitude comme dans un tombeau, lon ne parle plus et lon ne converse plus avec les morts ». Ou encore : « Dieu demandant de vous une entière séparation et commerce avec les créatures : La retraite et Le silence étant votre grâce et votre atrait » ; n’étant pas appelée à la conversion des âmes par des discours, « je crois que vous ne devés plus voir personne ny Étrangers ny sœurs de la Congrégation ».

Et ces enseignements ne font que répéter la leçon de l’ancien cérémonial et des anciennes pratiques. La réclusion était un enterrement avec ses lamentations funèbres et quelques-uns de ses rites.

Cependant, elle fut rarement hermétique dans le sens absolu du mot. Les esprits les plus sûrs introduisirent quelques légers adoucissements. Ainsi ce même M. Séguenot que nous avons vu parler à Jeanne avec tant de rigueur, lui impose le devoir