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la bienfaitrice

munication à la cellule » de la recluse, tous s’étant assemblés « au son de Cloche en la manière accoutumée ».

Sœur Marguerite Le Moyne, dite du Saint-Esprit est encore supérieure à ce moment-là. Catherine Charly, la sœur de Marie, est son assistante ; Marguerite Trottier de Saint-Joseph est la dépositaire. Le contrat sera insinué et enregistré le 23 octobre 1714 selon les ordres de Jacques Alexis de Fleury Déchambault, conseiller du Roi et Lieutenant Général pour la juridiction de Montréal.

Ce document repose en premier lieu sur une expérience amère : les colons ne réussissaient pas tous dans la tâche écrasante de défricher la forêt. S’ils échouaient, leurs enfants, comme le signalent plusieurs écrits, retournaient vite à la vie sauvage ou à la vie indienne. C’est pour parer un peu à ce mal que Jeanne Le Ber intervient. Et, assez curieusement, sur ce point particulier, elle continue une initiative de Marguerite Bourgeoys. Celle-ci avait fondé la Providence, pour recueillir et éduquer ces petites malheureuses. Quand elle donna sa démission de supérieure, les Canadiennes étudièrent la question : elles devaient se limiter uniquement à l’éducation sous peine d’échouer sur toute la ligne. Alors, elles abandonnèrent la Providence, œuvre de charité. Les ressources leur manquaient totalement ; elles subsistaient du travail de leurs mains. La fondatrice fut désolée de cette amputation, ne s’en consola guère. Et maintenant, c’est Jeanne Le Ber qui, avec les reliquats de sa fortune et avec la collaboration de la même Congrégation, reprend l’ouvrage sous un autre angle. Aux filles pauvres, elle veut donner l’apprentissage pour se mettre en service et de solides connaissances religieuses. Elle apparaît ainsi comme l’une des continuatrices de Marguerite Bourgeoys.