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alliance contre les iroquois

de leurs compagnons j’en ferais tout ainsi que je voudrais ». Champlain confirme cet engagement formel de la façon la plus absolue. « Je n’avais autre intention, dit-il dans sa réponse, que d’aller faire la guerre ne portant avec moi que des armes, et non des marchandises pour traiter, comme on leur avait donné à entendre. Que mon désir n’était que d’accomplir ce que je leur avais promis, et si j’eusse su qu’on leur eût rapporté quelque chose de mal, que je tenais ceux-là pour ennemis plus que les leurs même. Ils me dirent qu’ils n’en croyaient rien ».

Ce récit comporte plusieurs indications qui ne sont pas suffisamment marquées. Ainsi le pacte de 1603 ne comprenait que les Etchemins, les Montagnais et les Algonquins ; celui de 1609 embrasse en plus les Hurons. Ces derniers descendent à la traite pour la première fois. Pendant trois ou quatre années, surviendront, au rendez-vous des traitants, des foules de sauvages qui n’ont pas encore vu de blancs, ni entendu de détonations d’armes à feu. Et ainsi se complète la grande coalition laurentienne qui combattra la Confédération iroquoise pendant un siècle, et vendra ses pelleteries aux Français.

En second lieu, il faut bien le noter, Champlain s’engage dans cette alliance sans l’apparence d’aucune hésitation, ni d’aucune inquiétude. Il n’attend pas d’être prié ou supplié : c’est lui qui accomplit les premiers pas. On peut même soutenir que la question de l’à-propos, des risques et de la gravité de cet engagement ne se pose même pas pour lui : c’est une chose qui va de soi et s’impose sans qu’on y pense. Champlain continue ainsi la politique de nos premiers coloniaux, et elle lui paraît si nécessaire qu’il ne la met pas en question et ne la soumet pas à un nouvel examen.

Quelques nécessités immédiates, comme celle d’assurer à la société des bénéfices, déterminent peut-être en partie cette attitude. Mais Champlain voit toujours plus grand que les problèmes personnels.