Gravé, peut-être Aymar de Chaste, et surtout les marchands de fourrures. Ceux-ci connaissent bien le conflit qui règne dans la vallée du Saint-Laurent ; ils en savent la violence ; ils n’ignorent pas que les Montagnais, les Algonquins, les Etchemins sont les moins nombreux malgré d’occasionnelles victoires ; enfin ils sont au courant de l’aire géographique occupée par les diverses tribus en guerre.
Champlain se renseigne sur les lieux. Après les événements de Tadoussac, il remonte le fleuve en compagnie de Pont-Gravé qui s’est déjà aventuré jusqu’aux Trois-Rivières. Et d’autres faits viennent l’éclairer. À l’embouchure du Richelieu, il observe un fort : les pâlis touchent d’un côté à la rivière, de l’autre au fleuve, et ils enferment toute une pointe de terre. Des sauvages canadiens sont postés là, et ils attendent leurs ennemis.
En passant aux Trois-Rivières, Champlain note la valeur stratégique des Îles de l’embouchure du Saint-Maurice ; il constate tout de suite que les Français devront les fortifier. « Aussi, dit-il, que l’habitation des Trois-Rivières ferait un bien pour la liberté de quelques nations, qui n’osent venir par là, à cause desdits Iroquois leurs ennemis, qui tiennent toute ladite rivière de Canada bordée ; mais, étant habitée, on pourrait rendre lesdits Iroquois et autres sauvages amis, ou à tout le moins, sous la faveur de ladite habitation, lesdits sauvages viendraient librement, sans crainte et danger, d’autant que ledit lieu des Trois-Rivières est un passage ».
De retour à Tadoussac, Champlain assiste à un nouvel épisode de nature à le renseigner. « Arrivant à Tadoussac, dit-il, nous trouvâmes les sauvages que nous avions rencontrés en la rivière des Iroquois, qui avaient fait rencontre au premier lac, de trois canots iroquois, lesquels se battirent contre dix autres de Montagnais, et apportèrent les têtes des Iroquois à Tadoussac, et n’y eut qu’un Montagnais blessé au bras d’un coup de flèche ».