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plain, ils « craignent trop lesdits Iroquois qui sont en plus grand nombre que lesdits Montagnais, Etchemins, et Algonquins ».

Puis s’ouvre la grande scène de l’alliance entre les Français et la coalition laurentienne. Dans la loge du grand Sagamo, Anadabijou, une centaine de sauvages font « tabagie » ; sont également présents deux Indiens que le sieur du Pont a conduits en France durant les années précédentes et qu’il ramène présentement. L’un d’eux commence alors « à faire sa harangue de la bonne réception que leur avait fait le Roi, et le bon traitement qu’ils avaient reçu en France, et qu’ils s’assurassent que sadite Majesté leur voulait du bien, et désirait peupler leurs terres, et faire paix avec leurs ennemis (qui sont les Iroquois), ou leur envoyer des forces pour les vaincre ».

Cette promesse remue si profondément l’auditoire que le sauvage est « entendu avec un silence si grand qu’il ne se peut dire de plus ».

Anadabijou distribue du tabac à ses hôtes, puis ensuite aux Indiens. « Ayant bien pétuné, dit encore Champlain, il commença à faire sa harangue à tous, parlant posément, s’arrêtant quelquefois un peu, et puis reprenait sa parole en leur disant que, véritablement, ils devaient être fort contents d’avoir sadite Majesté pour grand ami. Ils répondirent tous d’une voix : Ho, ho, ho, qui est à dire Oui oui. Lui, continuant toujours sadite harangue, dit qu’il était fort aise que sadite Majesté peuplât leur terre, et fît la guerre à leurs ennemis ; qu’il n’y avait nation au monde à qui ils ne voulussent plus de bien qu’aux Français. Enfin il leur fit entendre à tous le bien et l’utilité qu’ils pourraient recevoir de sadite Majesté ».

Et voilà les termes de la première alliance verbale contre la nation iroquoise. Champlain n’y est pour rien. C’est un témoin ; il assiste à un événement préparé en dehors de lui par les grands coloniaux de cette époque : Chauvin, le seigneur de Monts, Pont--