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traites et poste de traites

France et accomplit de grands ravages. Déjà se projette sur la Nouvelle-France l’ombre des futures sanglantes années. Le Père Le Jeune le sait et il le devine : héroïque, ardent, il refuse d’envoyer aux Trois-Rivières ses missionnaires les plus précieux. Il ne veut pas les exposer. Modeste, il s’y rend lui-même.


Dans une lettre écrite en 1626, le Père Charles Lalemant fournit nombre de précisions sur le commerce des fourrures durant les dernières années de cette période. La Compagnie n’envoie, dit-il, que deux navires par année. Ceux-ci arrivent ordinairement à Tadoussac vers le début du mois de juin ; ils apportent les marchandises de traite : capots, couvertures, bonnets de nuit, chapeaux, chemises, draps, haches, fers de flèche, alènes, épées, tranche-glace, couteaux, chaudières, pruneaux, raisins, maïs, pois, biscuits, galettes et pétun. Les traitants échangent ces articles contre des fourrures, et surtout contre des peaux de castor : « on m’a dit que pour une année ils en avaient remporté jusques à 22.000. L’ordinaire de chaque année est de 15.000 ou 12.000 à une pistole la pièce ; ce n’est pas mal allé ; il est bien vrai que les frais qu’ils font sont assez grands, ayant ici quarante personnes et plus qui sont gagés et nourris ; outre les frais de tout l’équipage de deux navires, où il se trouve bien 150 hommes qui reçoivent des gages et se nourrissent ». Naturellement, les gages ne sont pas fort élevés : « l’ordinaire est de 106 livres et il y en a qui ont cent écus ». Un interprète peut recevoir jusqu’à cent pistoles par an.