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et, dans ses relations, il fournira de nombreux renseignements sur la traite. Champlain ne revient pas tout de suite : il n’arriva que l’année suivante, quand la Compagnie des Cent-Associés reprendra la direction des affaires.

Après la remise de la Nouvelle-France, les deux premières traites ont lieu à Québec. Aussitôt, les sauvages commencent de reparaître en nombre. Car « les Anglais, dit Charlevoix, dans le peu de temps qu’ils avaient été les Maîtres du Pays, n’avaient pas su y gagner l’affection des Sauvages… Tous s’étaient trouvés un peu déconcertés, lorsqu’ayant voulu prendre avec ces nouveaux venus les mêmes libertés, que les Français ne faisaient aucune difficulté de leur permettre, ils s’aperçurent que ces manières ne leur plaisaient pas. Ce fut bien pis encore au bout de quelque temps, lorsqu’ils se virent chassés à coups de bâton des maisons, où jusque-là, ils étaient entrés aussi librement que dans leurs cabannes… Rien ne les a dans la suite plus fortement attachés à nos intérêts que cette différence de manières et de caractères des deux Peuples ».

Dès cette année 1632, le Père Paul le Jeune assiste à l’approche de cinquante canots hurons : c’est un bon commencement. Les Français réorganisent bien vite toute l’affaire. Mais en attendant ces grands développements, le religieux note tout de suite l’un des plus mauvais aspects de ces foires annuelles : « et de fait depuis que je suis ici, dira-t-il, je n’ai vu que des sauvages ivres ; on les entend crier et tempêter jour et nuit ; ils se battent et se blessent les uns les autres ; ils tuent le bétail de madame Hébert… J’en ai vus de tout meurtris par la face ; les femmes mêmes s’enivrent, et crient comme des enragées… Il ne fait pas bon les aller voir sans armes, quand ils ont du vin ». Et l’année suivante, il ajoutera les phrases suivantes : « C’est chose étrange combien les sauvages sont adonnés à l’ivrognerie, nonobstant les défenses du sieur de Champlain il y a toujours quelqu’un qui leur traite ou vend quelque bouteille en cachette ; si