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traites et poste de traites

position, et « ils lui accorderaient de faire sa traite concurremment avec eux », et de décharger ses marchandises. Voilà donc mon jeune De Caën d’accord avec les Anglais ; il prend contact avec la population française demeurée au pays ; il écoute un récit fidèle des événements qui se sont déroulés depuis 1629 ; il attend les sauvages.

Bientôt, trois navires anglais sont mouillés en face de l’Habitation. Mais les Indiens ne se présentent qu’en petit nombre : la traite manque d’abondance. Puis les Hurons arrivent, et les Anglais changent d’idée : « leur profit particulier leur fut en plus singulière recommandation que celui d’Émery de Caën, auquel ils dirent qu’il devait se résoudre à ne faire aucune traite, puisqu’il n’y en pouvait avoir assez pour eux, lui accordant de décharger ses marchandises dans le magasin de l’habitation, et y laisser un commis ou deux pour les lui garder, et les traiter durant l’hiver à son bénéfice » ; ils montrent aussi un ordre des chefs de leur compagnie défendant de troquer des fourrures à toute personne autre que leurs commis et associés. En attendant, ils postent des gardes sur le « Don-de-Dieu » afin d’assurer l’exécution de leur décision. Quand la traite est terminée, les quatre navires redescendent le fleuve de compagnie, et bientôt celui d’Émery de Caën, plus rapide, devance les autres. Ce traitant retrouvera, l’année suivante, les articles de traite qu’il a laissés à Québec sous la garde d’un commis.

En 1632, les Français reprennent possession du Canada. Mais l’Angleterre réserve à ses navires, pour cette année-là, le droit de pratiquer le commerce des fourrures dans le Saint-Laurent. Les De Caën le partagent avec eux afin de s’indemniser des pertes qu’ils prétendent avoir subies. Mais ils transportent à leurs frais les hommes qui reprendront possession de l’Habitation. Les postes de traite demeurent les mêmes.

Parmi les passagers que ramènent les navires, se trouve le Père Paul le Jeune, supérieur des Jésuites,