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traites et poste de traites

pièces de canon de fonte verte… deux breteuils… avec vingt-quatre hommes, un bon pont de corde bien poissé, tout à l’épreuve du mousquet, ayant à la valeur de six à sept cents écus de marchandises, pour traiter ». Ce contrebandier écrit une lettre à Pont-Gravé, demeuré à Québec en qualité de commis principal de la Compagnie ; il lui offre les marchandises de traite à condition d’être payé en peaux de castor. Puis un vaisseau espagnol de deux cents tonneaux s’aventure dans les mêmes parages. On apprend que, de l’île Verte, des espions sont venus écouter pendant un certain nombre de nuits les conversations qui se tenaient à bord du navire de Guillaume De Caën. On parle aussi pendant un temps d’un capitaine de navire rochelois mouillé dans les environs du Bic : il ne paraît jamais sur le pont autrement que masqué et armé de pied en cap.

Champlain bouillonne de colère : « De pouvoir y remédier, il était impossible, dit-il, pour n’avoir des matelots ni des hommes de main, afin de s’en servir en telles affaires ». Il demande huit matelots pour l’Habitation, et dix ou douze autres marins quand il est question d’attaquer un ennemi, « avec une vingtaine d’hommes, qui sussent ce que c’est d’aller à la guerre » ; il faudrait aussi « achever le fort déjà commencé, et y avoir de bonnes armes et munitions, et garnison suffisante ».

En 1623, Champlain apprend au Cap de Victoire, au beau milieu de la traite, qu’une situation inquiétante se développe à l’Île du Prince-Edouard. Un pilote du nom de Doublet expose que des « Basques s’étaient retirés à ladite île… pour se mettre en défense si on les allait attaquer, ne voulant subir aux commissions de Sa Majesté, et qu’ils s’étaient saisis d’un moyen vaisseau où était un nommé Guers ». Champlain écrit que ce contrebandier méritait « qu’on lui fît ressentir le châtiment que doivent recevoir ceux qui contreviennent aux ordonnances et décrets de sa Majesté ». Car en plus de leur commerce clandestin,