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traites et poste de traites

d’embarquer à la dérobée, où que ce soit, une riche cargaison de fourrures.

À partir de l’année 1620, Champlain mentionne fréquemment les exploits de ces écumeurs du Golfe. Cette année-là précisément, il arrive à Tadoussac le 7 juillet. Son beau-frère, Eustache Boullé, a traversé la mer avant lui et, après les congratulations d’usage, il lui raconte « que deux vaisseaux de La Rochelle l’un du port de 70 tonneaux, l’autre de 45 étaient venus proche de Tadoussac traiter : nonobstant les défenses du Roi, et avaient couru fortune d’être pris par ledit Deschenes proche du Bic, à 15 lieues de Tadoussac, néanmoins se sauvèrent comme meilleurs voiliers. Ils emportèrent cette année nombre de pelleteries, et avaient donné quantité d’armes à feu, avec poudre, plomb, mèche aux Sauvages ».

Champlain profite de l’occasion pour s’élever contre ces « méchants larrons » qui arment n’importe quel sauvage sans savoir s’il se tournera ou non contre la France. « Mais quoi, dit-il, sont Rochelois, c’est-à-dire très mauvais et désobéissants sujets, où il n’y a point de justice : prenez-les si vous pouvez et les châtiez, le Roi vous le permet par les commissions qu’il vous donne. Davantage ces méchants larrons, qui vont en ce pays, subornent les sauvages, et leur tiennent des discours de notre religion, très pernicieux et méchants, pour nous rendre d’autant plus odieux en leur endroit ».

Ils contrecarrent donc l’œuvre des missionnaires, ils menacent l’œuvre de la France. Montés dans de petits et rapides voiliers, ils s’échappent presque toujours. Et de l’autre côté de l’océan, il est pratiquement impossible de leur faire rendre gorge devant les tribunaux. Bientôt en révolte contre l’autorité royale, La Rochelle protège ses contrebandiers. « Et ne pouvait-on, dit Champlain, avoir aucune raison ni justice en l’enclos de leur ville ; car quand on allait pour faire quelque exploit de justice, le Maire disait : « Je crois vous faire pas peu de faveur et de courtoisie,