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traites et poste de traites

toute force qu’ils attendissent là avec eux les barques de la traite ».

Ces Montagnais et Algonquins n’entendent pas qu’on s’amuse avec leur décision d’imposer Cap de Victoire comme poste de traite. Tout d’abord, les Hurons ont voulu protester ; mais « ayant pensé leur résister, ajoute le même historien, ils s’étaient mis en hasard d’être tous assommés, particulièrement lui Truchement Brûlé, qui en avait été pour son sac à pétun, et craignait encore un autre plus mauvais parti, si on n’y apportait quelque remède ». Dans cette histoire, Brûlé, l’employé des Compagnies, joue un rôle favorable aux intérêts des traiteurs.

Gabriel Sagard veut passer outre avec ses Hurons, car ce qui l’intéresse, c’est de se rendre à destination ; il lance donc des reproches « à ces mutins, qui me dirent pour excuse qui si personne ne descendait, les barques seraient contraintes de les venir trouver, sans avoir la peine de traîner leurs femmes et leurs enfants jusques à Québec, où il n’y avait pas de quoi dîner pour eux ».

Montagnais et Algonquins s’avisent d’une ruse pour tirer des cadeaux des Hurons : ils disent à ces derniers que, de connivence avec les Iroquois, ils vont avertir ces ennemis de leur présence et occasionner un massacre général. Les Hurons se cotisent pour donner à leurs alliés des présents destinés à empêcher cette dénonciation.

Mais Algonquins et Montagnais n’osent violenter Sagard. Celui-ci en profite pour lancer son canot à l’eau « dès le lendemain de grand matin que tout le monde dormait encore, et n’éveillai que le Truchement pour me suivre ». Par suite de la crainte, ces voyageurs parcourent vingt-quatre lieues ce jour-là. En route, ils rencontrent deux barques chargées de marchandises de traite. Et le 16, des coups de canon saluent l’arrivée de Gabriel Sagard à Québec.

Les Hurons ont chargé ce bon Frère d’une mission. L’accomplit-il alors ? C’est probable, car Champlain et