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traites et poste de traites

milieu du grand fleuve Saint-Laurent en la présence de nous tous, pour assurer aux meurtriers Canadiens que leur faute était entièrement pardonnée ».

Tout ce cérémonial important fut-il peine perdue ? Sagard répond affirmativement. Plus tard, de retour dans leur pays, les Hurons, dit-il, se moquèrent de la cérémonie du pardon, et accusèrent les Français de manquer de courage.

Par le nombre des sauvages présents, la traite de l’année 1623 rappelle celle de l’année 1618. Alors les traiteurs mettent les petits plats dans les grands pour engager les Indiens à revenir. Ils délibèrent « de faire quelques présents à toutes les nations, pour les obliger à nous aimer, et traiter bien les Français qui allaient en leur pays, pour les conserver contre leurs ennemis, et ainsi leur donner courage de revenir avec plus d’affection ».

Les Hurons acceptent de ramener encore onze Français : huit demeureront dans leurs villages, et trois reviendront l’année suivante pour la traite annuelle. Trois Récollets partent avec eux. Sagard relate lui-même les circonstances de cet embarquement. De Caën négocie le passage ; « lequel, dit-il, nous fit accepter chacun pour un canot moyennant quelque petit présent de haches, couteaux, et canons ou petits tuyaux de verre qu’on leur donna pour notre dépense. Toute la difficulté fut de nous voir sans armes qu’ils eussent désiré en nous plutôt que toute autre chose, pour guerroyer leurs ennemis, mais comme les épées et les mousquets n’étaient pas de notre gibier », les missionnaires expliquent par l’intermédiaire du truchement que leurs armes sont spirituelles, ce qui excite l’admiration parmi les sauvages.

Enfin, le 2 août, cette foule pittoresque se disperse dans les innombrables canots. Les marchands arriment dans leurs barques les fourrures et les soldes de marchandises, les matelots hissent les voiles, lèvent les ancres, et le 4 au soir, les embarcations mouillent devant l’Habitation. Les chefs ordonnent de visiter