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traites et poste de traites

Par ces mots, le Vice-Roi prononce l’exclusion de l’ancienne Compagnie des Marchands, qui régnait en Nouvelle-France depuis 1614, et lui substitue une compagnie nouvelle. Voilà qui ne manque pas de clarté. Mais « les deux sociétés étant en procès au Conseil de sa Majesté », comment se comporter au Canada envers les représentants des deux Compagnies ?

Les lettres enjoignent à Champlain de se « saisir de toutes les marchandises tant traitées que à traiter, pour les intérêts que le Roi et mondit Seigneur prétendaient contre ladite Société ancienne, pour ne s’être acquittée au peuplement comme elle était obligée » ; à l’heure de sa venue, de Caën doit aussi « se saisir des vaisseaux et marchandises… et cependant je conserverais toutes les pelleteries ».

En premier lieu, le litige n’est pas terminé ; en second lieu, comment exécuter cet ordre ? Presque toute la population de la Nouvelle-France est à cette époque aux gages de l’ancienne société de Rouen et, pendant qu’une compagnie « en un pays comme celui-ci tient la bourse, elle paie, donne et assiste qui bon lui semble ; ceux qui commandent pour sa Majesté sont fort peu obéis n’ayant personne pour les assister, que sous le bon plaisir de la Compagnie ». Champlain en ce moment, c’est un général, oui, mais sans soldats et, pour maintenir la paix, il doit racoler les soldats des autres. De plus, les fonctionnaires de l’ancienne Compagnie des Marchands craignent de perdre en cette aventure leur avoir et leurs salaires. Ils adoptent une attitude menaçante. Champlain doit les cajoler.

Comme le procès n’est pas vidé devant le conseil, Champlain décide alors, le temps venu, de ne pas modifier l’état de fait. Ce sont les anciennes commissions et les anciens traités qui demeurent en vigueur. Il permet donc au personnel de la Compagnie de Rouen de se rendre à la traite, comme par le passé. Les employés de la Compagnie nouvelle ne s’y rendront pas