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V


Enfin s’ouvre l’année 1621, célèbre dans les annales de la traite par la situation compliquée qu’elle pose devant Champlain. Un imbroglio dangereux règne pendant une couple de mois, et Champlain doit user de toutes ses qualités de finesse et de sagacité pour empêcher les partis de troubler la paix.

Le changement de Vice-Roi à l’automne de l’année 1619 est la cause de la crise. Le prince de Condé vend sa charge ; le duc de Montmorency l’achète et il ordonne à son homme d’affaires, Dolu, de conduire une enquête sur l’état de la Nouvelle-France. Champlain lui expose la situation telle qu’elle est : un seul colon à Québec, à peine quelques arpents de terre en culture, pas de fort, pas de munitions, pas assez de denrées produites sur place pour nourrir une garnison. En 1620, de retour à Québec, Champlain trouve l’Habitation dans un état lamentable, et il envoie un rapport désespéré. Rien à espérer de la Compagnie. Alors Dolu agit rapidement. Le 8 novembre, les De Caën proposent les conditions d’un nouveau monopole ; le 27 novembre, l’ancienne société demande de conserver ses privilèges pendant quatre années encore.

À Québec, le drame s’ouvre le 15 mai 1621. Ce jour-là, Champlain expédie une chaloupe chargée de marchandises pour la traite de Tadoussac. Mais l’embarcation quitte à peine le port qu’elle revient avec le « sieur du May » et un individu du nom de Guers, commissionnaire du Vice-Roi, rencontrés en route. Ces deux hommes sont venus de bonne heure dans un tout petit navire pour remettre à Champlain un important courrier, et surtout une lettre très grave du Duc de Montmorency. Voici le principal passage de ce document : « J’ai estimé à propos, dit-il, d’exclure les Anciens Associés de Rouen et de Saint-Malo, pour la traite de la Nouvelle-France, d’y retourner… ; j’ai choisi les sieurs De Caën, oncle et neveu, et leurs Associés ».