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traites et poste de traites

d’autre part, la punition peut soulever chez ces tribus impulsives une haine dangereuse, et alors « il n’y aurait nulle sûreté pour ceux qui se disposeront de faire les découvertes parmi eux ». D’autant que les Indiens qui ont assassiné ont suivi pour ainsi dire les coutumes de leur peuple, qu’ils sont disposés à faire les réparations que demandent ces mêmes coutumes, et que l’un au moins d’entre eux est un personnage d’importance.

Les deux amis prennent donc une résolution : « C’est pourquoi, dit Champlain, le tout considéré, nous nous résolûmes de couler cette affaire à l’amiable, et passer les choses doucement, laissant faire leur traite en paix avec les commis et facteurs des Marchands et autres qui en avaient la charge ». Mais le pardon définitif ne sera accordé qu’en 1623, en grand apparat, au Cap de Victoire.

Deux ou trois jours après la venue de Champlain, la traite commence sous la direction des commis. La foule indienne est si nombreuse qu’ils écoulent toutes leurs « marchandises, bonne et mauvaise, même celle qui de longtemps avait été mise à mépris, et gardait le magasin ».

Champlain se congratule alors sur les bons effets de sa diplomatie qui a rassemblé toutes ces tribus. Examinant le passé, récapitulant ses voyages des années 1609, 1613 et 1615, il raconte qu’il a rencontré des peuples inconnus « avec lesquels j’avais fait alliance, et juré amitié avec eux, à la charge qu’ils viendraient faire traite avec nous, et que je les assisterais en leurs guerres ». Nulle part ailleurs peut-être, l’alliance n’est exprimée sous une forme aussi concise. « Et suivant leur promesse, ajoute-t-il, vinrent de plusieurs nations des peuples Sauvages ».

Ces phrases indiquent bien quelle importance primordiale Champlain attache au volume de la traite, quelles fatigues il croit nécessaire de subir pour accroître ces échanges commerciaux ; mais la préoc-