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le vieux chef Tessouat, qu’il connaît depuis dix ans. On cause et Champlain lui demande pourquoi son peuple n’abandonne pas ses mauvaises terres pour le sol riche de l’île de Montréal, et Tessouat de répondre que sa tribu se trouverait trop rapprochée des Iroquois ; « mais que, si je voulais faire une habitation de Français au Sault Saint-Louis, comme j’avais promis, ils quitteraient leur demeure pour se venir loger près de nous, étant assurés que leurs ennemis ne leur feraient point de mal pendant que nous serions avec eux. Je leur dis que cette année nous ferions les préparatifs de bois et pierres pour l’année suivante faire un fort, et labourer cette terre. Ce qu’ayant entendu ils firent un grand cri en signe d’applaudissement ».

L’intervention de Champlain remporte donc plein succès : elle sauve la Nouvelle-France d’un désastre, car la colonie vit des bénéfices de la traite. Le 10 juin, les Français quittent l’île des Allumettes avec quarante canots remplis d’Indiens et de pelleteries ; sur la route du retour, d’autres embarcations se joignent à cette première flottille, et quatre-vingts canots se suivent bientôt sur l’Outaouais. Avant d’arriver, Champlain propose à ses alliés de n’échanger aucune fourrure avant qu’il l’ait permis ; il leur partagea aussi des vivres.

Le 17 juin, ce groupe imposant débarque au Sault. Les marchands le saluent de plusieurs décharges de leurs armes à feu comme c’est la coutume. Durant l’attente, ils ont chassé, pêché, tué des tourtes, « aussi étaient-ils tous en meilleur point que moi ». La traite a lieu tout de suite ; « elle est fructueuse, dit le Père Louis Le Jeune, pour tous les trafiquants et se prolonge jusqu’au 27 du mois ». Le 22, alarme générale dans ce rassemblement : un sauvage a assisté en rêve à une attaque des Iroquois. Alors, grande rumeur, les Français s’arment, se mêlent aux Indiens, font une battue dans les alentours ; « l’on se contenta de tirer quelques 200 mousquetades et harquebusades, dit Champlain, puis on posa les armes en lais-