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traites et poste de traites

Mais le problème présente un aspect plus grave. Ces marchands ne veulent pas « contribuer aux frais et grandes dépenses qu’il convient faire à l’entretien des habitations nécessaires » ; non seulement ils ne souscrivent rien pour le maintien de l’Habitation de Québec, mais ils ne pensent aucunement à peupler, à découvrir, à coloniser le pays. Ils emportent leur petit bénéfice, s’ils en réalisent, sans avoir à remplir aucune obligation. « C’est une chose fort favorable que la liberté du trafic puisque le Roi aime ses sujets d’un amour paternel, mais la cause de la religion et des nouveaux habitants d’une province est encore plus digne de faveur. Tous ces marchands ne donneront point un coup d’épée pour le service du roi. Le public ne se ressent point du profit de ces particuliers, mais d’une Nouvelle-France dont toute l’antique France se pourra un jour ressentir avec utilité, gloire et honneur ». En un mot, Champlain et Lescarbot croient qu’il faut atteler le commerce des fourrures au développement de la Nouvelle-France, et qu’il est insensé de le laisser ainsi trotter sans selle ni bride.

Ces idées justes triompheront. Le Roi accordera un monopole ; tout d’abord, il ne veillera pas à l’exécution exacte des obligations, et le monopole s’enrichira démesurément ; puis il se montrera plus sévère, et la Nouvelle-France se construira peu à peu avec les profits de la traite.