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traites et poste de traites

Un autre grand conseil a lieu et les Algonquins assurèrent à Champlain « qu’ils étaient tous nos amis, et à moi qui étais assis auprès d’eux, par-dessus tous les autres » ; les « autres » ne leur voulaient du bien que pour les pelleteries, mais Champlain les avait toujours assistés, et ces Indiens ne l’avaient « jamais trouvé en deux paroles comme les autres ». Champlain défend un peu ses indésirables concurrents ; il reçoit encore des présents de fourrures et les Algonquins, comme les Hurons, se disent « très aises que l’on faisait une habitation au Sault, ce que je leur assurai ».

Après avoir fixé au Sault un rendez-vous de guerre pour l’année suivante, on se sépare : la traite est terminée. Le 18 juillet, Champlain part pour Québec ; il passe aux Trois-Rivières le même jour et, le 19, il aborde au pied de l’Habitation. Personne n’est satisfait ; cette traite n’a encore enrichi personne. Parlant de l’un de ses compagnons, Champlain dira qu’il « avait l’espérance à mon opinion, de recouvrer la perte de son voyage qu’il fit assez notable, comme firent plusieurs autres ».

Enfin a lieu, en 1612, la dernière des trois grandes traites libres. Champlain n’y assiste pas. Les détails manquent. Encore cette fois, de nombreuses barques se rendent au Sault Saint-Louis ; les négociants tentent d’y « faire leurs affaires avec ces peuples ». Ils ont les mains absolument libres ; personne pour les surveiller ou les diriger ; ils peuvent mettre en œuvre leurs petits trucs et leurs petits expédients.

Tout d’abord, ils maltraitent de nouveau des Indiens pour obtenir d’eux, et de force, et à leur propre prix, les fourrures qu’ils convoitent. Champlain écoutera en 1613 le récit du « mauvais traitement, qu’avaient reçu les Sauvages l’année précédente » ; il était tel qu’il « les avait dégoûtés de venir plus, et qu’ils ne croyaient pas que je dusse retourner jamais en leur pays ».