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l’appellent ensuite pour lui expliquer leur conduite. La barricade qu’ils ont construite, le mensonge qu’ils ont commis en disant qu’ils partaient pour la chasse, ce n’est pas la crainte des Iroquois, mais bien la crainte des marchands qui les explique ; ils avaient appris que les équipages des barques devaient les attaquer de nuit, et que Champlain ne pourrait les défendre faute d’un nombre d’hommes suffisant. Autrement, ils auraient demeuré quelques jours de plus. Enfin, dit Champlain, ils « me prièrent que revenant avec mes compagnons, je n’en amenasse point d’autres ».

Naturellement, Champlain répond que tous ces gens, il ne les amenait point, « mais qu’ils me suivaient sans leur dire ». On se quitte sur de bonnes paroles ; quelques Hurons reconduisent Champlain à Montréal ; ils « me firent mettre en chemise », dit-il, pour descendre les rapides ; je le passai avec eux, ce que je n’avais jamais fait, ni autre Chrétien, hormis mondit garçon (Brûlé)”.

Et voilà pour les Hurons. Quant aux Algonquins, ils expédient de leurs nouvelles par un canot qui arrive le 5 juillet. Cette année, ils ne peuvent venir en nombre considérable : une épidémie, la mort d’un grand capitaine retiennent dans leur pays la majorité de la nation. Vingt-quatre canots à peine descendent à la traite.

Alors, le 11 juillet, Pont-Gravé retourne à Tadoussac, et le même jour survient une barque chargée de vivres pour les Français réunis sur l’île de Montréal ; il était temps : « le pain, la viande, et le cidre nous étaient faillis, et n’avions recours qu’à la pêche du poisson, et à la belle eau de la rivière, et à quelques racines qui sont au pays ».

Enfin, le 12, se présentent les Algonquins « avec quelque peu de marchandises » ; le 15, surgissent aussi d’autres canots « avec quelque peu de fourrures ». Et les événements ordinaires : canonnades, danses, présentations de cadeaux, suivent leur cours.