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traites et poste de traites

l’invitation de visiter la Huronie : « Je supplierais sa Majesté, dit-il de nous assister jusques à 40 ou 50 hommes armés de choses nécessaires pour ledit voyage » ; ce détachement s’embarquerait avec les Indiens ; il transporterait des présents pour les chefs sauvages ; les Hurons fourniraient les vivres, et, « que si je reconnaissais le pays bon et fertile, l’on y ferait plusieurs habitations, et que par ce moyen aurions communication les uns avec les autres ». Après avoir entendu le rapport de Brûlé sur la nation huronne, Champlain forme à cette époque de vastes desseins : une habitation aux Trois-Rivières, une habitation au Sault Saint-Louis, des habitations en Huronie, c’est-à-dire une chaîne de factoreries s’étendant de Tadoussac à la baie Georgienne. Les Hurons approuvent cette proposition et l’on se sépare au point du jour.

Mais ces sauvages n’osent confier même à Champlain le fond de leur pensée. Ils lui cachent une décision très importante qu’ils ont prise et qu’ils mettent maintenant à exécution : « le matin venu, dit Champlain, ils achevèrent de traiter ce peu qui leur restait, et puis s’embarquèrent en leurs canots, nous priant de ne toucher à leurs logements pour les défaire,… ils s’étaient donné le rendez-vous par delà le Sault, où ils jugeaient bien que nous ne pourrions aller avec nos barques ». En un mot, ils affirment qu’ils partent pour la chasse aux castors. Mais, en réalité, c’est une fuite : ils s’en vont au lac des Deux-Montagnes, en dehors de l’atteinte des barques, et ils ne reviendront pas.

Comment abandonner Champlain sans lui expliquer le motif de cette ruse ? Le lendemain, deux Sauvages viennent le convoquer à un nouveau conseil, et ils le conduisent à leur campement. Tous les fugitifs l’accueillent avec des acclamations ; ils placent pour lui « de la chair et du poisson sur le feu ». À la suite du festin, les anciens vont tenir un conseil préliminaire pendant que leur hôte s’amuse « à contempler le paysage de ce lieu, qui est fort agréable ». Ils