II
ais au moment même où Champlain organise la
traite avec les Hurons, les Algonquins de l’Outaouais
supérieur et les Iroquets, le monopole
du sieur de Monts prend fin. Le 26 mars 1609, la ville
de Saint-Malo reçoit avis de la mise en force de la
traite libre et, le 6 octobre de la même année, un
décret du conseil est adopté au même effet ; celui-ci
porte aussi que les navires qui ont pratiqué la traite
des fourrures dans la Nouvelle-France, durant l’été
passé, devront verser une indemnité de six mille livres
au sieur de Monts. Sur ce dernier sujet, Champlain
écrit les phrases suivantes : « Mais quelle dépense lui
eût-il fallu faire en tous les ports et havres pour recouvrer
cette somme, s’informer de ceux qui auraient
traité… sur plus de quatre-vingt vaisseaux qui fréquentent
ces côtes ? C’était lui donner la mer à boire,
en faisant une dépense qui eût surmonté la recette,
comme il en a bien apparu. Car ledit sieur de Monts
n’en a presque rien retiré et a été contraint de laisser
aller cet arrêt comme il a pu ».
À la fin de l’été 1609, Champlain retourne en France, et il délibère avec le seigneur de Monts sur les affaires du Canada. Comme la cour ne semble pas favoriser leurs prétentions, ils décident de demander, au lieu du monopole complet dans le Golfe et le fleuve, un monopole partiel dans les territoires intérieurs qui viennent d’être découverts. « Le sieur de Monts, dit Champlain, chercha moyen d’avoir nouvelle commission pour les traites des nouvelles découvertes, que nous avions faites, où auparavant personne n’avait traité ». C’est indiquer d’une façon assez précise le cœur de la Nouvelle-France à partir de Tadoussac. Champlain trouve ces propositions « justes et raisonnables », parce que ceux qui ont trouvé la brebis devraient avoir droit à la toison. Mais le Roi refuse même cette modeste demande.
Alors, c’est la traite libre ; c’est le marché des fourrures ouvert à tous les marchands ; ce sont les béné-