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traites et poste de traites

découvertures du pays des Hiroquois, contre lesquels ils ont guerre mortelle ». La promesse de l’assistance militaire a donc mis les sauvages en branle jusqu’au fond de la Huronie.

De la barque ancrée dans le fleuve, Ochateguin et Yroquet, les deux chefs, haranguent les guerriers postés sur le rivage : « Ils avaient sollicité, disent-ils, tous les sauvages que je voyais sur le bord de la rivière, de venir à nous, pour faire alliance avec nous, et qu’ils n’avaient jamais vu de chrétiens, ce qui les avait mus de nous venir voir ». Le pacte de 1603, à Tadoussac, n’avait embrassé que les Etchemins, les Montagnais et les Algonquins ; celui de 1608 englobe en plus les Hurons. Ce dernier peuple accourt lui aussi à la simple annonce d’une alliance militaire avec les Français. Mais en même temps, il tombe dans l’orbite des compagnies pelletières.

Champlain se montre diplomate jusqu’au bout ; aux sauvages, qui ont répandu la rumeur que seules les fourrures l’intéressaient, il répond en montrant sa barque qui ne contient pas de marchandises de traite ; il est prêt à partir immédiatement pour combattre. Car, plus loyal que les marchands, il veut prêter les secours militaires en même temps que recevoir les fourrures.

Mais ces aborigènes ne sont pas si pressés : avant de combattre les Iroquois, ils veulent voir l’Habitation. Et la flottille descend à Québec où elle séjourne cinq ou six jours. La traite a-t-elle lieu durant cet espace de temps ? C’est probable. Après cette halte, les guerriers retournent en effet à l’embouchure de la rivière des Iroquois ; là, des débats s’élèvent entre les sauvages et, dit Champlain, « il n’y eut qu’une partie qui se résolurent de venir avec moi, et les autres s’en retournèrent en leur pays avec leurs femmes et marchandises qu’ils avaient traitées ». Mais ce n’est qu’un commencement : ces peuples éloignés vont apprendre vite et ce que valent les fourrures, et ce que valent les articles de traite. Ils s’organiseront mieux à l’avenir.