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traites et poste de traites

ajouter l’embouchure de la rivière Saint-Jean, en 1611, lorsque Robert Gravé s’y installe. Des barques cherchent aussi à l’occasion les naturels le long des côtes.

Mais les morutiers, qui ont découvert le commerce des pelleteries, fréquentent le Golfe en nombre de plus en plus grand : et ils peuvent s’arrêter sur n’importe quel point de l’immense pourtour et négocier avec les sauvages. Comme tout navire qui pratique la contrebande est de bonne prise, et doit verser 3.000 livres d’amende, la Compagnie du sieur De Monts les prend en chasse. En 1604, dans un havre situé à cinq lieues du Cap La Hève, « nous primes, dit Champlain, un vaisseau qui faisait traite de pelleteries contre les défenses du Roi. Le chef s’appelait Rossignol, dont le nom en demeura au port ». Plus tard, Pont-Gravé appréhende à son tour des délinquants ; « il s’en retourna à Canseau, dit encore Champlain, où il saisit quelques vaisseaux basques qui faisaient la traite des pelleteries, nonobstant les défenses de Sa Majesté, et en envoya les chefs au sieur de Monts ». Huit navires tombent ainsi sous saisie durant la première année. En 1606, on court encore sus à un vaisseau commandé par le capitaine Boyer, mais celui-ci s’échappe.

Plus tard, la surveillance se relâche. Les contrebandiers prennent leur revanche. En 1607, des Basques espagnols abordent un bâtiment de la Compagnie, le Jonas, et enlèvent 6.000 pièces de fourrures. Dans le Golfe et à l’entrée du fleuve, des navires français et étrangers poursuivent leur commerce clandestin ; et parmi les armateurs sans scrupule, se trouve l’un des associés du seigneur de Monts, un individu du nom de Bellois. Ces gens soulèvent en France une nuée de procès, de protestations et de plaintes.

Petits pêcheurs et gros marchands, toutes les forces opposées au monopole, attaquent en même temps. « Nos vaisseaux étant retournés, écrit Champlain en 1606, ouïrent un nombre infini de plaintes tant des Bretons, Basques, que autres, de l’excès et mauvais