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canadiennes, la situation approximative des tribus, les forces respectives des belligérants et les arguments qu’il faut employer pour ramener régulièrement les Indiens à la traite.

Mais quand Champlain retourne en France, Aymar de Chaste est décédé, et c’est Pierre de Gua, seigneur de Monts, qui organise, en 1603 et en 1604, la compagnie qui porte son nom. Plus habile que Pierre de Chauvin, il invite les marchands de Rouen, de Saint-Malo et de La Rochelle à souscrire le capital, dont il a besoin, et à partager ses bénéfices. De la sorte, plusieurs puissants ennemis du monopole disparaissent ; mais il en reste d’autres : Sully, ministre des Finances, le parlement de Rouen, de nombreux catholiques, de petits pêcheurs qui troquaient quelques fourrures dans les ports où séchait leur morue.

Après avoir obtenu le monopole du commerce des pelleteries, non seulement dans le Saint-Laurent, mais encore dans tout le Golfe, le seigneur de Monts fait publier, « par tous les ports et havres de ce royaume », la Commission que Sa Majesté lui a accordée : en cas de contravention, nul capitaine de navire ne pourra plaider ignorance. Ensuite, il équipe « plusieurs vaisseaux tant pour ledit trafic de pelleteries de Tadoussac que des côtes de la Nouvelle-France », et il confie à Pont-Gravé la tâche de surveiller les contrebandiers.

De Monts fonde Port-Royal. Une habitation, c’est toujours un poste de traite. Port-Royal devient vite un comptoir. « L’hiver venu, dit Lescarbot, les sauvages du pays s’assemblaient de bien loin au Port-Royal pour troquer de ce qu’ils avaient avec les Français, les uns apportant des pelleteries de Castors et de Loutres (qui sont celles dont on peut faire plus d’état en ce lieu-là) et aussi d’Élans, desquelles on peut faire de bons buffles ; les autres apportant des chairs fraîches. »

Port-Royal draine donc les fourrures au sud et Tadoussac au nord. Mais les traitants rencontrent aussi les Indiens à l’île Percée, dans la baie de Gaspé, au Cap-Breton. À ces lieux de traite, il faut encore