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tion de genres, de nombre, de temps, de personnes, de modes, et en un mot très parfaite et très accomplie, contre la pensée de plusieurs. Ce qui me réjouit, c’est que j’ai appris que cette langue est commune à quelque douze autres nations toutes sédentaires et nombreuses. »

Sur ce sujet, il entretient les mêmes idées que son supérieur, et, en plus, il possède le don des langues. À son retour au Canada, après une absence de trois années, il peut haranguer encore devant les conseils des Hurons. Mais lui aussi ne se contente pas de peu.

Au cours de la première Relation huronne qu’il rédige lui-même, voici ce qu’il dit : « Nous nous sommes employés en l’étude de la langue… Les pères Davost et Daniel y ont travaillé par-dessus tous. Ils y savent autant de mots que moi, et peut-être plus. Mais ils n’ont pas encore la pratique pour les former et assembler promptement ».

Quelques années plus tard, en 1639, le père Jérôme Lalemant exposera la politique de la Société de Jésus sur cette importante question : « Nous fûmes contraints, dira-t-il, d’arrêter au commencement en un petit coin de pays ; où on a forgé les armes nécessaires à la guerre, je veux dire qu’on s’y est étudié à la connaissance et usage de la langue, et qu’on y a commencé à la réduire en préceptes, en quoi il a fallu être à soi-même et maître et écolier tout ensemble, avec une peine incroyable, et de là au bout de trois années, on est venu, pour ainsi parler, enseigne déployée au bourg d’Ossossane, un des plus considérables de tout le pays ; en l’année d’après au bourg de Teanaustayé le principal de tous ». Et c’est ainsi tout le temps : en arrière de chaque effort, on devine la pensée réfléchie qui coordonne, organise, dirige, établit des plans mûrement étudiés.

Non, il n’est pas facilement satisfait ce père de Brébeuf. La Relation de 1635 contient la plainte suivante, par exemple : « Faute d’avoir une pleine con-