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l’étude des langues indiennes

dans les chaudières et qui empestent l’air à des centaines de pieds à la ronde.

Pour un homme blanc, cette existence renferme de dures privations ; en un mot, « une âme bien altérée de la soif du Fils de Dieu, je veux dire des souffrances, trouverait ici dequoi se rassasier » ; elle supporte tout sans se laisser rebuter par rien, « ni le froid, ni le chaud, ni l’incommodité des chiens, ni coucher à l’air, ni dormir sur un lit de terre, ni la posture qu’il faut toujours tenir dans leurs cabanes, se ramassant en peloton, ou se couchant, ou s’assoyant sans siège, et sans matelas, ni la faim, ni la soif, ni la pauvreté et saleté de leur boucan… »

Malgré toutes les souffrances, la tribu continue de s’enfoncer dans la forêt : le 3, le 6, le 20 décembre marquent autant d’étapes. Au cours de celle du 6, le père Le Jeune perd le sentier, et il s’égare : « Je crie, dit-il, j’appelle, dans ces grands bois, personne ne répond ; tout est dans un profond silence, les arbres mêmes ne faisaient aucun bruit ». Bientôt le désespoir l’envahit, mais « la dernière chose que l’homme quitte, c’est l’espérance, je la tenais toujours par un petit bout ». Enfin, après une journée de marche à l’aventure par une température glaciale, il se retrouve le soir, heureux de réintégrer même un misérable gîte.

Le 20 décembre, il faut « décabaner durant la pluie et déloger à petit bruit sans déjeuner ». Pour vingt personnes, les chasseurs ne rapportent qu’un porc-épic et un lièvre. Bientôt le missionnaire doit manger de petits bouts d’arbres, des rognures de peau, des raclures d’écorce. Du désespoir, il compose des oraisons en langue montagnaise qu’il demande à toute la tribu de réciter ; les Indiens promettent de se renseigner fidèlement sur le catholicisme s’ils tuent du gibier. Car la situation est si désespérée que l’on appréhende une débandade comme il s’en produit parfois en temps de famine : les sauvages alors « jouent pour ainsi dire à sauve-qui-peut, ils jettent leurs écorces et leur bagage, ils abandonnent les uns