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l’étude des langues indiennes

Et la conquête survient. Cette interruption de trois années désorganise complètement la science des langues indiennes. Quelques interprètes et Français demeurent ; mais les Récollets ne reviennent pas. Et ainsi se trouvent perdues les connaissances que certains religieux de cet ordre avaient amassées, et qui possédaient une grande valeur.

Alors, en 1632, il faut reprendre toutes ces études à pied d’œuvre et reconstruire des fondations au toit. Dans une certaine mesure, le principal ouvrier de cette renaissance, c’est le père Paul Le Jeune, supérieur, pendant sept ans, des Jésuites du Canada.

Il se remet au travail lui-même, l’année de la remise du Canada à la France, et, durant une longue période, ce fut son cauchemar et sa principale occupation. Pour débuter, il ne possède qu’un petit Dictionnaire « écrit à la main » et « tout rempli de fautes ». L’auteur en est probablement le Père Charles Lalemant.

Ce petit rudiment ne donne point satisfaction au père Le Jeune ; et en 1632 même, le 12 octobre, après le départ des navires, il entreprend lui aussi de se mettre à l’école des naturels ; il visite des Montagnais, « cabanés à plus d’une grande lieue loin de notre maison », écrit le missionnaire. Parcourant un long détour « le long du grand fleuve Saint-Laurent », le père rencontre pour la première fois les difficultés imprévues de la forêt vierge, de la marée, des rochers, et il manque perdre la vie.

Enfin, il trouve ces bons Montagnais en pleine activité dans la gloire de l’automne canadien. Le missionnaire se promène parmi les wigwams ; on le reçoit très bien, on lui offre des anguilles en cadeau ; pour lui on en met rôtir avec « une petite broche de bois » piquée en terre auprès du feu. Malgré cette excellente réception, le religieux renonce tout de suite à ces pénibles voyages : le profit est trop léger.

L’homme indispensable, le professeur tout indiqué, il est là tout près et le père Le Jeune le guigne. Ce