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moyens matériels ; les compagnies de marchands n’étaient point généreuses, et refusaient d’entretenir et de loger plus de six pères. Puis, les Récollets vinrent au Canada à l’époque des découvertes : le père Le Caron dit la première messe en Huronie lors du grand voyage de Champlain en ces régions ; et, avant de se mettre méthodiquement à la tâche, ne convient-il pas de l’examiner, d’en reconnaître l’étendue et les difficultés ?

De 1625 à 1629, les Jésuites se livrent de leur côté aux études linguistiques. Tout d’abord, les Récollets leur fournissent l’appoint de leurs ouvrages. Puis le père de Brébeuf hiverne dans la forêt, près de Québec, avec une tribu de Montagnais. Ses collègues songent à enrôler l’assistance des interprètes, mais sans y compter beaucoup : « car des truchements il ne faut rien attendre ». À la suite d’événements considérés comme providentiels, le père Lalemant se met à l’école de l’un d’eux : « Ce truchement n’avait jamais voulu communiquer à personne la connaissance qu’il avait de ce langage ».

Soit à Québec, soit en Huronie, les Jésuites poursuivent leurs études. Mais le plus brillant dans ce domaine, c’est à n’en pas douter le père de Brébeuf. Durant son séjour de trois années dans la Huronie, il réussit non-seulement à s’insinuer dans la bonne grâce des sauvages, mais encore à vaincre les difficultés linguistiques. Telles que rapportées par Champlain, voici les lamentations des Hurons au départ de ce religieux : « Il y a trois ans, disent-ils, que tu es en ces lieux pour apprendre notre langue… et maintenant que tu sais plus parfaitement notre langue qu’aucun qui soit jamais venu en ces lieux, tu nous délaisses… En effet, ce bon pére avait un don particulier des langues, qu’il apprit et comprit en deux ou trois ans : ce que d’autres ne feraient en vingt ».

Mais durant les quatre années qu’ils passent en Nouvelle-France, les Jésuites ne peuvent organiser leurs études sur une base solide.