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l’étude des langues indiennes

établissent des missions sédentaires et volantes ; à Québec, particulièrement, ils attirent des Algonquins, des Hurons et des Montagnais ; et de leurs fréquentations avec ces peuples, ils rédigent des dictionnaires : le père Le Clercq lui-même a manié des fragments de ces œuvres.

Le premier Dictionnaire ébauché est celui de la langue huronne. C’est le père Joseph le Caron, grand ouvrier en langues indiennes, qui le commence dès l’hiver de l’année 1615-1616 qu’il passe dans la Huronie. Lui fournit ensuite nombre de mots, un petit Huron qu’il ramène à Québec. Au cours de son second hivernement dans le même district, sept années plus tard, le même religieux perfectionne ce premier ouvrage ; il y place notamment « des règles et des principes ». Puis il y ajoute divers vocables d’après les notes que lui envoie le père Nicolas Viel, et d’après le Lexique du même père confié à des Français avant son martyre.

Ce Dictionnaire aurait été le plus complet du groupe suivant certains historiens. Et, en 1625, le père Georges le Baillif, procureur de la mission en France, le présente au Roi avec un dictionnaire de la langue montagnaise et un autre de la langue algonquine ; les deux derniers sont également dus à la plume du père Le Caron. Ce religieux hiverne à Tadoussac en 1618 ; il y retourne en 1621 et en 1623 ; des Montagnais vivent aussi à Québec. Dans ces circonstances, il est facile d’accumuler des notes. Quant au Dictionnaire de la langue algonquine, on ne connait rien des circonstances où il fut préparé.

Il est donc établi que trois Dictionnaires existent en 1625. Le père Le Clercq en a vu des fragments ; Sagard, futur historien du Canada, les aura sous sa main, et il entretiendra longtemps le dessein de les publier à la suite de son histoire. D’après Chrestien Le Clercq, les Jésuites les consultent librement durant leur premier hivernement en Nouvelle-France, car les Récollets n’eurent rien « de secret pour ces il-