Page:Desrosiers - Commencements, 1939.djvu/131

Cette page a été validée par deux contributeurs.
129
l’étude des langues indiennes

L’explication du fait se trouve sans aucun doute dans la présence au Canada d’Indiens qui sont allés en France ; le fait suivant, raconté par Champlain, le laisserait entendre, semble-t-il. « Premier que partir de Tadoussac pour nous en retourner en France, écrit-il, un des sagamos des Montagnais, nommé Béchourat, donna son fils au sieur Du Pont, pour l’emmener en France, et lui fut fort recommandé par le grand sagamo, Anadabijou, le priant de le bien traiter et de lui faire voir ce que les deux autres sauvages, que nous avions ramenés, avaient vu. Nous leur demandâmes une femme des Iroquois, qu’ils voulaient manger, laquelle ils nous donnèrent et l’avons aussi amenée avec ledit sauvage. Le sieur de Prévert a aussi amené quatre sauvages, un homme qui est de la côte d’Arcadie, une femme et deux enfants des Canadiens ». Si l’on ajoute que, depuis une vingtaine d’années, les pêcheurs et les trafiquants de fourrures fréquentent très activement le Golfe, que toute une garnison a hiverné à Tadoussac en 1600, on restera moins surpris de la facilité des communications.

Avec la fondation de Québec, en 1608, commence le règne des grands interprètes. En 1610, c’est Étienne Brûlé qui délaisse l’Habitation. Champlain relate ce départ dans les termes suivants : « J’avais un jeune garçon, qui avait déjà hiverné deux ans à Québec, lequel avait désir d’aller avec les Algonquins, pour apprendre leur langue. Pont-Gravé et moi avisâmes que s’il en avait envie ce serait mieux fait de l’envoyer là qu’ailleurs, pour savoir quel était leur pays, voir le grand lac, remarquer les rivières, quels peuples y habitent ; ensemble découvrir les mines et choses les plus rares de ces lieux et peuples, afin qu’à son retour nous puissions être informés de la vérité ». En 1611, Nicolas du Vignau fait certainement partie du groupe qui part du Sault Saint-Louis avec les sauvages : « Il y eut un jeune homme des nôtres, dit Champlain, qui se délibéra d’aller avec lesdits sauvages… et fut avec le frère de Savignon, qui était l’un des Capitaines, qui promit lui faire voir tout ce qu’il