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Avant de quitter son lieu d’hivernement, au confluent du Lairet et de la rivière Saint-Charles, Jacques Cartier enlève de nouveau, par ruse, Taignoagny, Dom Agaya et deux autres Indiens, plus Donacona, le grand capitaine de la région de Québec. Si l’on ajoute à ces personnages, les trois enfants mentionnés plus haut, c’est donc huit sauvages qu’il ramène en France. Mais cet incident et d’autres du même genre tendent à créer entre les aborigènes de la Nouvelle-France et les Français un sentiment de défiance et même de haine qui vivra longtemps.

Entre 1536 et 1603, les deux peuples ont d’assez fréquentes relations commerciales. Le langage des signes, il faut le supposer, doit jouer de nouveau un rôle important. De plus, le père Paul Le Jeune ajoutera plus tard que les uns et les autres élaborent un vague baragouin : chacun s’efforce de parler, et croit parler la langue de son interlocuteur, mais il ne prononce en réalité que des sons qui ne relèvent d’aucun idiome. On s’entend quand même. Ensuite, quelques Français hivernent dans la Nouvelle-France pour se familiariser avec les dialectes canadiens ; et des Indiens sont de nouveau conduits en France pour y apprendre le français et faciliter ainsi les échanges commerciaux. Naturellement, ni les uns, ni les autres ne sont très nombreux ; mais l’histoire en enregistre quelques-uns.

En 1603, lorsque Champlain vient au Canada pour la première fois, ce sont les mêmes méthodes qui règnent. Pont-Gravé ramène sur son navire deux sauvages ; ceux-ci ont vécu quelque temps en France, et ils racontent leurs expériences à tout un vaste rassemblement de leurs compatriotes. Est-ce eux, ou d’autres Indiens dressés de la même façon, qui servent d’interprètes à Champlain durant tout son séjour ? On ne sait. Mais le fondateur de Québec obtient en toutes circonstances les renseignements qu’il désire, et son récit ne décrit que des communications faciles et aisées.