groupe important de petits faits qui confirment ces phrases générales. En 1558, par exemple, un vaisseau chargé de pelleteries chavire dans le Saint-Laurent ; en 1569, un navire du Hâvre troque des fourrures au Cap-Breton. À partir de 1581, des marchands français expédient secrètement des bâtiments chargés de marchandises de traite. Étienne Bellinger, de Rouen, revient d’Amérique en 1583 ou 1584 avec une cargaison de pelleteries. Puis cinq navires de Michel Frotet de la Bardelière, habitant de Saint-Malo, ramènent des sauvages du fleuve Saint-Laurent : on veut les instruire « pour d’autant plus faciliter le trafic ».
Vers 1588, on commence à solliciter des monopoles du commerce des fourrures. Les neveux de Jacques Cartier représentent, par exemple, qu’ils sont engagés dans ce négoce depuis plusieurs années, qu’ils ont conduit des sauvages en France pour leur apprendre le français et les employer plus tard comme interprètes. Leur plaidoyer remporte plein succès, le Roi leur accorde des privilèges exclusifs, mais pour les révoquer aussitôt devant le nombre et la force des protestations qu’il reçoit des États de Bretagne et de personnes qui réalisent des profits dans l’exercice de cette profession.
Fragmentaires et épisodiques jusque-là, les renseignements deviennent continus et forment la trame même de l’histoire à partir de l’année 1599 ; soudain se révèlent alors, comme au lever d’un rideau, l’abondance du commerce des fourrures, la foule des personnes qu’il intéresse et le nombre des navires qui le pratiquent annuellement.
C’est en effet, au mois de novembre de cette année-là, que Pierre de Chauvin obtient pour dix ans une commission royale « portant que le trafic de cette rivière serait interdit à toutes personnes » autres que lui et ses associés. Ce monopole partiel embrasse tout le Saint-Laurent.
Pierre de Chauvin s’est intéressé dans le commerce des fourrures vers l’année 1594 ; pendant un temps, il