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le printemps est venu », et ils « troquaient ce qu’ils avaient presque pour néant ».

Entre plusieurs documents, deux passages de Champlain et un autre de Lescarbot prouvent abondamment ce fait.

En 1610, Champlain accomplit une traversée très rapide, et il arrive de bonne heure à l’embouchure du Saguenay ; voici ce qu’il ajoute ensuite : « Le 26 du mois, arrivâmes à Tadoussac, où il y avait des vaisseaux qui étaient arrivés dès le 18, ce qui ne s’était vu il y avait plus de soixante ans à ce que disaient les vieux mariniers qui voguent ordinairement audit pays ». Cette seule phrase nous ramène à 1550 ; et l’historien Ferland, qui la commente, ajoute avec raison ce qui suit : « Cette remarque prouve que, depuis le dernier voyage de M. de Roberval, en 1549, les Basques, les Normands, et les Bretons avaient continué de faire le trafic des pelleteries à Tadoussac ».

Le 4 mai 1604, Champlain examine attentivement l’île de Sable, au sud de la Nouvelle-Écosse, où le marquis de la Roche avait abandonné cinquante colons. « L’île, dit-il, est fort sablonneuse et n’y a point de bois de haute futaie, ce ne sont que taillis et herbages que pâturent des bœufs et des vaches que les Portugais y portèrent, il y a plus de soixante ans, et qui servirent beaucoup aux gens du marquis de La Roche ».

Quant à Lescarbot, il rencontre, lui, en quittant l’Acadie, un patriarche de Saint-Jean de Luz, nommé le capitaine Savalet, qui fait sa pêche dans un port situé près de Canseau ; des Indiens vivent en amitié avec son équipage et l’exploitent un peu. « Ce bon personnage, ajoute Lescarbot, nous dit que ce voyage était le quarante-deuxième qu’il fait par delà, et toutefois les Terre-neuviers n’en font tous les ans qu’un » ; il avait donc commencé de fréquenter le Golfe vers l’année 1555.

Dans son ouvrage intitulé « The Early Trading Companies of New France », M. H.-P. Biggar a réuni un