Page:Desrosiers - Commencements, 1939.djvu/118

Cette page a été validée par deux contributeurs.
116
commencements

qu’il a recueillies, celles que lui ont transmises des hommes comme Étienne Brûlé, les provinces déjà découvertes, lui donnent « une grande espérance », de « faire une chose digne de remarque » ; à cette fin, il est disposé à « contenter » les sauvages « par quelque moyen que ce soit ». Et il ne faut point se scandaliser de ces énergiques expressions : au moment où il les écrit, Champlain connaît la topographie du Canada jusqu’au lac Supérieur, et il sait que le continent s’étend encore au delà à perte de vue. Si la cour de France ne sait pas apprécier à sa juste valeur ce domaine impérial, Champlain manifeste certainement plus de clairvoyance, même à cette époque reculée ; et tout indique qu’un conflit avec la nation iroquoise ne lui paraît pas un prix trop élevé pour en doter son pays.

Chez Champlain, un politique avisé, réaliste, double toujours le fondateur d’empire. Cette alliance militaire contre les Iroquois, il l’accepte parce que c’est une nécessité du moment. Mais que ses alliés indispensables n’exigent plus l’exécution de cet engagement oral, et Champlain exécutera une volte-face rapide et complète. On le voit bien, en 1622, quand s’amorcent les premières négociations de paix.

« Il y a quelque temps, dit-il que nos Sauvages moyennèrent la paix avec les Iroquois, leurs ennemis, et, jusques à présent, il y a eu toujours quelque accroche pour la méfiance qu’ils ont les uns des autres ; ils m’en ont parlé plusieurs fois, et assez souvent m’ont prié d’en donner mon avis ». Une fois de plus, dans de graves circonstances, Champlain devient l’arbitre suprême. Il décide les questions de guerre et de paix.

Dans cette conjoncture, il dit à ses alliés qu’il trouve bon « qu’ils vivent en paix les uns avec les autres… ; mais quand il est question de faire la paix avec des Nations, qui sont sans foi, il faut bien penser à ce que l’on doit faire, pour y avoir une parfaite sûreté ». Cette prudence n’empêche pas de distinguer les avantages de la concorde : « l’augmentation du