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I


Jacques Cartier pénètre pour la première fois dans la solitude du détroit de Belle-Isle ; il observe ces « pierres et rochers effroyables et mal rabotés », cette « terre que Dieu donna à Cain ». Soudain grossit à l’horizon un grand navire de La Rochelle à la recherche du havre de Brest où il doit faire sa pêche : il s’est perdu dans ces parages qu’aucun cartographe n’a encore dessinés avec soin.

Quelques semaines plus tard, Jacques Cartier prend contact avec une tribu d’Indiens à Port-Daniel ; ceux-ci poussent de grands cris, puis ils élèvent des « peaux sur des bâtons » ; le lendemain, ils reviennent, « nous faisant signes qu’ils étaient venus pour trafiquer avec nous, et nous montrent des peaux de peu de valeur, de quoi ils s’accoutrent ».

Enfin, Jacques Cartier décide de retourner en France ; il abandonne l’Île d’Anticosti et remonte vers la Côte-Nord ; et là, il découvre le capitaine Thiennot, « lequel était sur ledit cap, nous faisant signes qu’ils s’en retournaient en leur pays… et que les navires étaient appareillés… tous chargés de poisson ».

La vie économique, traite des fourrures et pêcheries, est donc commencée dans le Golfe : elle ne l’abandonnera plus. L’histoire officielle peut sauter d’une date à l’autre, montrer des vides, pêcheurs et trafiquants envahissent les eaux canadiennes par le nord et le sud de Terre-Neuve. Et bientôt accourent au-devant d’eux les sauvages les plus rapprochés ; ils se rendent jusqu’à Bacallos, ou Bacaillos, l’île de Terre-Neuve elle-même, ou mieux encore tout le littoral du Golfe ; et là, ils attendent les navires « sur les rives de leur mer, accroupis comme singes, sitôt que