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alliance contre les iroquois

mencent. Ochateguin, Yroquet et Tregouaroti, les trois chefs, appellent Champlain en consultation avec son interprète, Brûlé, qui vient de passer un premier hiver chez les Hurons.

Ces sauvages désirent s’unir à Champlain par les liens d’une étroite amitié. Mais ils sont mécontents « de voir toutes ces chaloupes ensemble ». Le Huron que Champlain a conduit en France, et qu’il ramène cette année, leur a dit « qu’il ne les connaissait point, ni ce qu’ils avaient dans l’âme, et qu’ils voyaient bien qu’il n’y avait que le gain et l’avarice qui les y amenaient ». Alors ces sauvages croient que lorsqu’ils auront besoin d’aide militaire, ils ne l’obtiendront pas.

Mais à l’égard de Champlain, ils n’éprouvent aucune incertitude : ce chef les a secondés dans le passé, il leur prêtera son concours dans l’avenir.

Et l’on voit qu’à cette heure même, dans l’esprit des Indiens, les deux choses sont déjà intimement liées : traite et assistance militaire. Quoi qu’ils disent, le marché est conclu. Ils ont reçu d’un homme déterminé, Champlain, l’aide des armes contre les Iroquois ; alors ils veulent échanger leurs fourrures avec ce même homme déterminé. S’ils les cèdent à une poussière anonyme de mercantis, en qui ils ne mettent aucune confiance, à qui réclameront-ils plus tard les secours militaires ? Ils auront donné quelque chose, ils n’obtiendront rien en retour.

Par suite d’un malentendu, aucune expédition n’a lieu cette année-là. Cependant, Champlain a agi avec tant de bonne foi et de diplomatie, qu’il devient maintenant le chef incontesté, non seulement des Français, mais encore de la coalition laurentienne ; les tribus qui la composent sont tombées sous sa domination. « Ils me voulaient autant de bien qu’à leurs enfants, dit Champlain, ayant telle fiance en moi » ; ils l’adoptent comme protecteur, comme conseiller, comme arbitre ; ils le laissent conquérir sur eux un ascendant tout à fait extraordinaire.