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à l’embouchure du Richelieu, et les simples commerçants se défilent. « Car, dit encore Champlain, aucune des barques n’y voulut aller avec les sauvages, hormis le Capitaine Thibault qui vint avec moi qui avait là une barque. Les sauvages criaient à ceux qui restaient qu’ils avaient cœur de femme, et ne savaient pas faire autre chose que la guerre à leurs pelleteries ».

Sur la rive du fleuve, le combat s’engage. « Les barques qui étaient à une lieue et demie de nous, dit encore Champlain, nous entendaient battre par l’écho de nos arquebusades qui résonnait jusques à eux, qui fit qu’un jeune homme de Saint-Malo plein de courage, appelé des Prairies, qui avait sa barque comme les autres pour la traite de pelleterie, dit à tous ceux qui restaient, que c’était une grande honte à eux de me voir battre de la façon avec des sauvages, sans qu’ils me vinssent secourir, et que pour lui…, il ne voulait point qu’on lui put faire ce reproche ». Alors, il court au combat avec quelques compagnons.

Et l’on voit qu’en étalant trop ouvertement leur convoitise, les mercantis encourent le mépris des Indiens. Ils n’ont ni la souplesse, ni le doigté de Champlain qui sait voiler les choses et revêtir de beaux manteaux la dure réalité. De plus, la politique de leur grand concurrent dégénère chez eux, non seulement en expédient de basse qualité, mais encore en un refus complet d’exécuter les obligations du traité verbal. Ils promettent, mais sans intention d’accomplir. Leur inaction de l’année 1610 ne s’oubliera point.

Ainsi, l’année suivante, ils font de nouveau cortège à Champlain qui remonte jusqu’au Sault Saint-Louis. Treize pinasses sont bientôt mouillées dans la petite rivière Saint-Pierre. C’est une cohue de marchands.

Les Hurons arrivent tout d’abord au rendez-vous. Après les arquebusades, les acclamations et les autres réjouissances de l’arrivée, les délibérations com-