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alliance contre les iroquois

avant leur départ des directions précises relativement aux observations à faire. On ignore en général quel prix Champlain attache aux découvertes. À plusieurs reprises, il a conscience de donner un véritable empire à la France. Et pour l’explorer seulement, pour circuler à loisir, il promettrait aux Indiens l’appui militaire de la France.

À cet égard, il y a lieu d’observer que les peuples avec lesquels Champlain s’allie, habitent tous le long de la grande avenue de pénétration dans l’intérieur de l’Amérique, sur les rives de la route fluviale la plus courte vers le centre, c’est-à-dire les Grands-Lacs. En 1609, ils tombent tous sous son influence. Sans aucun doute, les Iroquois peuvent venir bloquer cette artère, rendre les communications plus difficiles, obliger les Algonquins à accomplir l’immense détour qui, par la Gatineau, conduit au Saint-Maurice ou à la rivière Batiscan, intercepter les flottilles et embarrasser tous les ans la descente pour la traite. Mais enfin, ils ne la commandent pas d’une façon aussi directe que les Etchemins, les Montagnais, les Algonquins ; aussi leur amitié permettra-t-elle à Champlain et à ses subordonnés d’atteindre avant tout autre Européen les grands réservoirs intérieurs de l’Amérique.

Dans le récit de ses voyages, Champlain ne laisse cependant aucune trace de ces graves préoccupations : peut-être voit-il toutes ces considérations si clairement qu’il ne sent pas le besoin de les exprimer. La nécessité de fournir l’assistance militaire pour obtenir de grandes quantités de fourrures, pour construire l’Habitation sans ennuis, pour voyager librement dans le pays et jouir de l’amitié de ces peuples, lui semblent une chose toute naturelle et toute évidente.

Prévoit-il que ce conflit, déjà grave, peut devenir pour la Nouvelle-France une mortelle menace ? Dès l’année 1609, Champlain connaît l’existence de la terreur iroquoise. Pendant que l’Habitation se construit, voici ce qu’il dit des Indiens du voisinage : « Ils pre-