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était tiède et doux. Des arbres sans feuilles écartaient leurs grosses branches et tendaient leurs rameaux, à perte de vue, sur le ciel bleu plein d’étoiles.

Paul lui demanda si elle aimait à lire. Il lui fit énumérer ses auteurs préférés. Et, bien qu’ils fussent de la même ville, il voulut correspondre. Un peu de fatuité paraissait dans ses paroles et dans ses airs. La conversation languit ensuite puisqu’ils n’avaient encore que peu de choses en commun.

Ils revinrent lentement. Le perron se trouvait dans l’obscurité. Elle monta quelques marches et il ne voyait plus d’elle qu’une forme vague, des dents luisantes et l’éclair des yeux.

— Vous savez maintenant où je demeure, dit-elle, et elle entra. Paul fut obsédé par cette vision.

Le lendemain il reçut une carte, les phrases étaient courtes, sans incidentes, composées de quatre ou cinq mots au plus. Un trait les séparait l’une de l’autre. Elles n’exprimaient rien que de banal.

Il y retourna le soir même. Elle vint lui ouvrir et pendant qu’il enlevait son paletot, elle le regardait avec insistance de ses yeux