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prochés avaient été mis à la disposition des touristes que leur flot n’était pas encore remonté jusque là. On y voyait à peine une dizaine de maisons occupées par de pauvres colons et un grand chalet plat que s’était fait construire un monsieur Chevalier, marchand de bois enrichi par son commerce. La région d’alentour était presque déserte.

Nous étions sur les lieux depuis huit jours, nous revenions de notre première expédition. C’était un samedi après-midi. Un vent violent soufflait malgré le ciel pur, et il fallait louvoyer pour éviter les vagues trop hautes qui se gonflaient au milieu du lac. En explorateurs peu pressés, nous suivions les courbes du rivage, visitant les baies, débarquant au fond des anses. Nous contournions avec difficulté une pointe rocheuse lorsqu’un cri nous parvint tout à coup. Au loin une embarcation dansait sur la lame d’où l’on nous faisait des signaux désespérés. Il n’y avait pas à hésiter. En moins de dix minutes nous eûmes atteint le canot en détresse. Deux femmes énervées et apeurées s’y trouvaient. Parties par un temps calme, elles avaient été effrayées et surprises par ce coup de vent subit et la rameuse avait échappé son aviron. Alors incapables d’avancer ou de se