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écriture menue, parfaitement moulée, à queues impertinentes, vous avaient un de ces petits airs sages et gentils à faire rougir l’ange même de la correction.

Le bienheureux Prosper poursuivait depuis longtemps son travail ingrat. De jeunes demoiselles travaillaient aussi dans l’immense bureau sombre, aux murs nus ; mais très digne, il en faisait abstraction, ne les regardait qu’avec des yeux modestes et trouvait pour leur répondre, en cas d’absolue nécessité, une formule de politesse appropriée et sévère. Grâce à ce moyen, ses jours coulaient pacifiques et vertueux.

Mais un beau matin des ouvriers apportent au bureau, toute une série de tables, des clavigraphes, installent le tout dans l’espace jusque là resté libre à côté de l’honnête Prosper. Brouhaha, tumulte, agitation, on cause, on fait du bruit, invasion d’une troupe de charmantes et galantes jeunes filles qui viennent assumer les devoirs de leurs nouvelles fonctions. Le chef intervient aussitôt, présente à ses subordonnés le pimpant troupeau. Il arrive bientôt à Prosper et lui nomme celle qui devra à l’avenir, occuper le bureau voisin du sien.

— Mais je suis enchantée de faire votre con-