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ronds, tentures, draperies, aux couleurs éclatantes, poteries et potiches, cassolettes fumantes, où l’odeur du patchouli se mêle à celle de l’encens et de la rose, larges divans sombres, cimeterres damasquinées, rien n’y manque. Et dans ce salon à la Loti, où se débitent mièvreries et marivaudages, elle sert le thé aromatisé dans de fines porcelaines, passe à la ronde les sucreries parfumées dans des vases exotiques. Elle glisse, élégante et discrète, dans des toilettes luxueuses et magnifiques, les cils et les sourcils peints, les yeux noirs caressants et doux.

Gaston vient souvent. De tempérament très artiste, il ne peut s’empêcher d’aimer la douceur de ce luxe, la couleur des tapisseries, les étoffes précieuses et les bibelots fragiles. Et Berthe garde de ce décor où elle se montre un peu de la poésie orientale, un peu du charme des poètes frénétiques qui ont célébré la Perse, la Turquie, le Japon, les pays de lumières et des choses graciles. Et Gaston ne sait pas toujours bien s’en défendre.

Mais la compagnie qui se rassemble autour de la jeune fille dissipe à mesure l’enchantement. Gaston rencontre toujours là des chanteuses renommées de concert, qui forcent leur naturel simple et bon pour imiter les