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Au premier échec et si bien mérité, nous nous retirons, amers et déconvenus, dans nos tours d’ivoire. Nos vessies sont crevées et nous nous mettons en deuil. Le premier insuccès nous brise aussi sûrement qu’une main de fer étreignant une poignée de roseaux. Avez-vous lu le livre de Dostoieski, La Maison des fous ? Vite un écriteau à la porte : « La maison des fous, La Maison des fous. »

Et Gaston entend toutes ces paroles, toutes ces déclarations, le tumulte et le bouillonnement des idées en effervescence. Il est calme et se maîtrise pour tout saisir et tout recevoir, l’esprit aussi ouvert aux idées qu’une porte à tous les vents. Mais le moindre mot excite en lui une ébullition de pensées et son âme énergique et jeune apporte à mesure contre ces poisons de vigoureuses réactions.

Il sort d’un collège de campagne où son éducation solide s’est faite lentement. Il a emmagasiné quelques dogmes, admis quelques principes, échelonné des admirations. Il a lui-même du talent.

Mais il ignorait entièrement cette diversité d’opinions, ces points de vue si disparates, toutes ces idées contraires à celles qu’il avait cru si bonnes. La révélation est trop subite. L’hiver le surprend sans son manteau. Voici