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et ne sait pas distinguer la vraie beauté. Il n’y a point de vrais intellectuels pour encourager les artistes et les poètes. Nous avons l’impression de nous remuer et de nous agiter dans le vide, tant nos actes ont autour de nous peu de répercussion. Nous sommes comme des chasseurs qui ne pourraient jamais savoir s’ils ont atteint leur gibier. Comment alors ne pas tomber dans l’apathie et le marasme ?

— Je suis de votre idée, ajoute un de ses interlocuteurs. Le vers libre scandalise nos gens autant qu’un crime moral, le seul mot de « symbolisme » les fait bondir et les apeure autant qu’une révolution.

— Et l’architecture, la peinture, la sculpture, la musique, qui en connait quelque chose ?

Et l’on fait des gorges chaudes sur notre indigence intellectuelle. On cite des cas d’ignorance dérisoire.

Naturellement, alors, se lève l’ennemi traditionnel de nos collèges classiques. C’est un avocat d’une taille moyenne, avec une moustache hérissée, roide, aux poils rares comme celles d’un chat. C’est l’homme de conversation qui pense en parlant avec faconde. Il n’a pas toujours le temps de