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J’ai réfléchi souvent sur cette influence qu’elle eut sur nous. Fécite n’avait qu’une vertu, mais elle l’avait toute, elle en était la personnification et c’était la bonté. Et la bonté, quand on y pense, ce n’est pas une vertu, c’est un composé, un résidu des essences le plus fines, de tout ce qu’il y a de meilleur dans l’homme. Il y a en elle de la douceur, de la patience, de la simplicité, du dévouement, de la charité et de l’altruisme, il y a de la générosité, de l’indulgence, de l’innocence, de la candeur, l’oubli de soi et une sensibilité très facile. On y trouve, et comme mêlées et fondues ensemble pour former une riche odeur, toutes les bonnes qualités humaines. Et Fécite était bonne comme la terre de Dieu dans ces campagnes neuves qui poussaient à profusion et prodiguaient les récoltes, des richesses inépuisables et profondes, les gaspillaient en forêts, en fleuves et en lacs, en une végétation puissante et vivace.

Fécite ne se maria jamais. Elle eut une ou deux fois des amoureux mais sa perfection morale mettait autour d’elle un halo et comme un cercle défendu aux passions trop charnelles, trop intenses et trop humaines. Sa large sympathie excluait une préférence trop particulière. D’ailleurs elle l’épandait déjà abon-