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rier, que l’huissier annonce le secrétaire de l’union locale des manufacturiers. Celui-ci entre aussitôt, très jeune, la tenue soignée, les yeux gris insolents, un peu à fleur de tête.

— Je ne vous dérange pas trop, monsieur le ministre ? J’ai insisté pour vous voir parce que la mission dont je suis chargé ne souffre point de retards.

— Mais non, je suis heureux de vous voir et de causer avec vous. Vous m’apportez de bonnes nouvelles sans doute ?

— Non, pas très bonnes. Je regrette infiniment d’avoir à vous les communiquer moi-même parce que toute mon estime et toute mon admiration vous sont acquises. La date des élections sera-t-elle bientôt fixée ?

— Nous n’avons rien décidé encore. Le temps ne paraît pas opportun. Je ne crois pas que nous puissions dissoudre les Chambres avant le printemps prochain.

— C’est que, cette année, les affaires n’ont pas été prospères. Il sera difficile d’obtenir des souscriptions électorales. Puis on dit vaguement que l’opposition est certaine d’une victoire, que votre parti manque de force et que la défaite vous attend.

— Vous passez à la gauche ?

— Peut-être, je ne sais rien moi-même à