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La séance se termine, Jean Dorion se lève sans hâte, replace méthodiquement dans sa serviette de maroquin quelques feuillets épars devant lui et hautain, silencieux, ne s’arrêtant à personne, il regagne son bureau par les longs couloirs sombres. Il s’assied dans son fauteuil et médite quelques instants. Puis il libelle une dépêche adressée à un député de la région de Montréal, mais la garde pour la déposer lui-même au bureau du télégraphe. Elle ne contient que des mots insignifiants convenus d’avance. Il décroche ensuite l’appareil téléphonique et donne le numéro d’un grand industriel local. « Alloh !… Oui… Le contrat a été refusé. Non, il est inutile d’insister plus longtemps… Mon secrétaire vous tiendra au courant ».

Après avoir donné des instructions à ses subordonnés, il sort. La chaleur est encore étouffante mais il ne pleut plus. Et deux heures après Jean Dorion prend passage à bord d’un train, calme, composé et tranquille ; il s’en va à Métis où les brises du large, la fraîcheur des forêts, des montagnes et du fleuve font une atmosphère délicieuse pendant les jours trop torrides de l’été. Il s’installe sur un siège, comme le premier venu, sort de son sac une revue économique, pour