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et la faire accepter en haut lieu, organiser le coup et piloter le bill à travers les divers stages parlementaires. Tout marcha bien, pendant un certain temps ; puis le premier ministre adoptait envers lui son attitude d’hostilité. Pourtant il avait une fermeté de main au gouvernail dont son chef pouvait difficilement se passer, disaient ses partisans. Nul mieux que lui n’aurait su, à les entendre parler, à quelle époque déclencher une élection générale, jouer serré avec le corps électoral aussi bien qu’avec les adversaires, maintenir le parti en forme, bien organisé, combatif et fort. Il avait des grands hommes politiques, cette faculté d’apprécier, avec une précision mathématique, les facteurs matériels et les facteurs psychologiques d’un appel au peuple.

Le gouvernement n’a pas plus de six voix de majorité maintenant. Le premier ministre se laisse acculer à une élection sans choisir lui-même le moment propice. Il y aura une dernière session dans trois ou quatre mois, où les adversaires prendront décidément le dessus. Jean Dorion sait que si son parti est défait il luttera vainement dans l’opposition, pendant plusieurs années, et se verra abandonné momentanément par les premiers auteurs