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bientôt dans une étude renommée. Spécialisé dans le droit commercial, il avait plaidé pour les grandes compagnies, et s’était tout de suite fait remarquer par la clarté de son jugement, l’acuité de son intelligence, sa raison pondérée, la fertilité de ses ressources. Et c’est alors qu’avait commencé pour lui cet acoquinement de l’avocat hors ligne avec les industriels, les capitalistes et les financiers. Il avait brassé des affaires de sociétés à capital énorme, connu quelques-uns de ces potentats qui détiennent la puissance réelle des nations et appris leurs secrets. Pour faciliter leur glissement de boa à travers les articles du code il avait dû s’occuper de politique. Mais dans cette promiscuité il s’était révélé à son tour une puissance et avait conclu, avec ceux qui devaient être ses maîtres, une alliance d’égal à égal. Encore un peu de temps et sa fortune grossie rapidement le mêlait au monde des affaires et son bureau luxueux devenait l’officine de l’avocat, du politicien et du financier tout à la fois.

À peine député, Jean Dorion arrivait au poste de ministre par l’influence de ses protecteurs et amis. Et ceux-ci, lorsqu’ils voulaient une concession ou un bénéfice, savaient à qui s’adresser d’abord pour cuisiner leur demande