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PRÉFACE

À défaut d’autre originalité, j’ai le mérite de lire les livres dont je veux parler.

On ne se donne plus la peine de lire. Pour bien connaître un romancier, un auteur dramatique ou un poète, il faut passer trop d’heures en tête-à-tête avec lui. Un tas effrayant de cinquante volumes remplace, à notre époque de production fiévreuse, le livre unique du XVIIe siècle.

Aussi, c’est à peine si la critique courante daigne feuilleter un roman de temps à autre. Il existe des clichés pour tous les ouvrages d’un même auteur. Le bon bourgeois a l’opinion de son journal. Il pousserait des cris si l’on troublait sa digestion par une étude un peu neuve.

Mais le temps, avec son insensible apaisement, abat autour d’un écrivain les haines et les dédains ignorants. Victor Hugo et Balzac ont été presque aussi injuriés que M. Émile Zola.